press release only in german

En 1999, sur une plage hollandaise, Aleksandra Mir construit avec du sable un paysage lunaire, plante à son sommet un drapeau américain et se déclare "la première femme sur la Lune". L’année précédente, en Norvège, elle se joint à une agence locale pour l’emploi et montre une série de films-catastrophes hollywoodiens, projetés uniquement pendant les heures de travail, pour les chômeurs de la ville. Au Danemark, en 1996, elle installe vingt-six haut-parleurs sur une place de la ville, qui diffusent des sifflements masculins au passage des femmes. Plus tôt la même année, elle propose de construire la réplique exacte de “Stonehenge“, à quelques kilomètres du site original. Contrairement au premier, "Stonehenge II" offre un libre accès aux visiteurs – et même un terrain de jeu pour une équipe de football qui se servirait des pierres comme cages aux buts. Toutes ces productions ne sont pas sorties de l’esprit d’une artiste particulièrement à l’aise avec les limites sécurisantes des pratiques artistiques traditionnelles. On pourrait accuser Aleksandra Mir de pratiquer un art absolument risqué. Tandis que la plupart des artistes new-yorkais se limitent encore strictement au cube blanc des galeries, cette artiste de trente-six ans, née en Pologne et de nationalité suédoise, qui vit actuellement à Manhattan, semble sortir de son propre chemin pour détruire la convention selon laquelle le bon art est fait par un artiste dans un espace donné, et montré à un public placide. Le travail de Mir est dérangeant et toujours en évolution. Les réactions du public sont souvent aussi décisives que la pièce initiale elle-même. Son travail refuse définitivement de coller aux frontières nationales, d’observer les codes, de respecter la paix, de se peigner les cheveux et de rester sur son quant à soi. Mir opère dans le champ de l'anthropologie. Elle mène des recherches à la manière d’un spécialiste des sciences sociales et, pour une seule production, sillonne le monde comme son terrain de travail. Sa pièce probablement la plus célèbre, intitulée "Hello", a été ainsi réalisée à sept reprises déjà, et pourtant chacune de ces réalisations pourrait être considérée comme en cours. "Hello" est une chaîne photographique qui relie des gens de tous styles de vie, d’époques et de circonstances, image après image. Sur une photo, nous voyons Elizabeth Taylor et John Warner. Sur la suivante, John Warner et George W. Bush. Puis, George W. Bush avec Bush Senior, Bush Senior avec Björn Borg, jusqu'à ce que finalement un bonhomme de neige soit relié au duc de Windsor, à Ursula Andress, à un enfant anonyme en vacances en Suisse ou peut-être à vous-même. Dans une autre pièce, Mir s’est donnée pour tâche de nommer toutes les rues de Tokyo (“Naming Tokyo“, 2003- en cours), rassemblant des listes de noms auprès d’amis et de collègues pour les reporter sur un plan de Tokyo. Le projet ne sera considéré comme achevé qu’une fois les plaques de ses appellations occidentales installées et que vous et moi, en vacances, nous chercherons le Mori Art Museum sur un boulevard appelé “Sweet Black Angel". Un vieil adage dit que la culture fonctionne au mieux quand nous ne savons pas du tout qu’elle fonctionne. S’il en est ainsi, Mir perce des trous dans le monde qui nous entoure et expose les conventions, les règles cachées et les politiques sociales derrière toutes choses depuis “Stonehenge“ jusqu’au Concorde et aux pas de Neil Armstrong sur la Lune.

Christopher Bollen pour “The Believer“, USA.

Pour sa première exposition personnelle en France, Aleksandra Mir propose un nouveau projet : “The Big Umbrella“, un parapluie géant capable d’accueillir environ 16 personnes. ce projet a été initialement conçu pour Paris (ville où il pleut souvent, dit-on) et par la galerie Jousse Entreprise. La série de photos qui accompagne l’objet retrace le périple de l’artiste et de ce parapluie géant au travers des rues de Paris mais aussi en province. Partez d’une idée de travail bien précise et vous vous rendrez compte que tant de paramètres rentrent en compte que votre idée initiale se modifiera au fil du temps. Ce parapluie a entrainé des réactions, des rencontres, des situations toutes inattendues et surprenantes. Le sceptiscisme parisien s’y reflète, mais la curiosité est parfois plus forte. Dans les mois qui viennent “The Big Umbrella“ voyagera à Londres, aux Etats-Unis et en Suisse (pour Statement à Art Basel) et peut-être dans des pays encore plus lointain. L’idée restera la même : voir la réaction des gens, leur relation au climat, mais la pièce une fois de plus c’est eux qui la feront.

The Big Umbrella est une production de Jousse Entreprise.

www.aleksandramir.info

Pressetext

only in german

Aleksandra Mir
The Big Umbrella - 2003