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Cette exposition comporte des oeuvres réalisées depuis la fin du XIX e siècle à nos jours. Elle se construit autour d’un thème consubstantiel à l’histoire de la photographie. En effet, l’histoire de l’image est celle de ses dispositifs successifs, ainsi que de ceux qui les ont inventés ou les ont utilisés pour produire leurs oeuvres. Et au coeur de ce que l’on pourrait appeler l’expérience de l’image, on trouve en particulier la question centrale de la lumière, cette matière vive qui fait ou défait l’image, irradie ou efface, modèle ou délabre. Qui fascine, émerveille, et plonge dans l’extase comme dans le vertige ou l’effroi. Au travers du mot “Éblouissement”, c’est un ensemble d’expériences contraires mais souvent mêlées que l’on observe : l’éclat, la splendeur, mais aussi la brûlure du regard ; l’apparition, mais aussi son double inquiétant, le spectral, le fanto-matique, et pour finir la disparition pure et simple ; l’extase mais aussi le choc, la défaillance, le vertige. Ce sont quelques-uns de ces états de l’image qui seront explorés dans l’exposition.•OEuvres historiques de Brancusi, Brassaï, Raoul Hausmann, André Kertész, Man Ray, Làszlò Moholy-Nagy, Christer Stromhölm, Maurice Tabard, Raoul Ubac, Umbo, etc. OEuvres contemporaines de Dieter Appelt, Rhona Bitner, Anna & Bernhard Blume, Victor Burgin, Jean-Marc Bustamante, David Claerbout, Stan Douglas, Patrick Everaert, Michel François, Felix Gonzalez-Torres, John Hilliard, Thierry Kuntzel, Jean-Luc Moulène, Éric Rondepierre, Bruno Serralongue, Xavier Veilhan, Jeff Wall, Jane & Louise Wilson, etc. Un catalogue accompagne l’exposition. 17 x 23 cm. 160 pages. Textes de Dominique Baqué, et Régis Durand.Traduction anglaise en fin d’ouvrage. La Lumière même Extraits du texte de Régis Durand, publié dans le catalogue de l’exposition. “Dans un livre récent, J.-B. Pontalis cite le passage bien connu de La République de Platon, dans lequel le philosophe imagine qu’un homme, prisonnier dans la caverne depuis l’enfance et habitué à ne voir que des ombres portées qu’il prend pour la réalité, est libéré et brutalement confronté à la lumière du jour : “Qu’on détache un de ces prisonniers, qu’on le force à se dresser soudain, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière, tous ces mouvements le feront souffrir et l’éblouissement l’empêchera de regarder les objets dont il voyait les ombres tout à l’heure. (...) Si on le forçait à regarder la lumière même, ne crois-tu pas que les yeux lui feraient mal et qu’il se déroberait aux choses qu’il peut regarder ? Et si on le tirait de là par la force, qu’on lui fît gravir la montée rude et escarpée et qu’on ne le lâchât pas avant de l’avoir traîné dehors à la lumière du soleil, ne penses-tu pas qu’il souffrirait et se révolterait d’être ainsi traité ?” (1) .Pontalis en conclut à la nécessité pour chacun d’une part d’ombre, et au refus et à l’impossibilité de “séparer le jour et la nuit”. Mais on pourrait tout aussi bien mettre l’accent sur le fait que des 2•hommes, malgré la souffrance, vont persister dans leur tentative pour regarder vers l’éblouissante lumière de l’idée pure, au risque d’y perdre la vue ou la raison ; et que cette confrontation directe avec la source lumineuse, pour dangereuse qu’elle soit, finira par ouvrir de nouveaux champs de visibilité et d’intelligibilité. L’exposition Éblouissement a pour objet de tracer quelques repères dans cette confrontation avec la source lumineuse, dans un mélange de fascination et d’effroi. Des origines de la photographie à l’image mobile contemporaine, les exemples ne manquent pas d’un tel passage aux limites, qui constitue à la fois une plongée dans la matière même de l’image (la lumière), et une manière d’aborder les réaménagements successifs de la question du visible. ( … ) Alors que notre projet était déjà en cours de préparation, l’exposition Aux origines de l’abstraction est venue lui apporter une validation à la fois historique et théorique, en démontrant, dans le domaine de la peinture, comment la modernité est le lieu où se joue la défiguration, autant que la figuration (2) . L’éblouissement, c’est donc une des formes et un des noms de la dissociation ou de la défiguration dans l’oeuvre. Regarder en face la source lumineuse, la photographier, s’y brûler les yeux, y perdre ses repères ou sa raison, c’est faire le choix de l’informe. Splendeur de l’énergie pure, ou horreur de ce qu’elle révèle ou effectue ? Extase ou anéantissement ? La source lumineuse fait l’image, elle est le matériau même de la photographie et de ses dérivés. Mais regardée trop directement, elle signe sa disparition, elle fait vaciller la perception et la raison, en fait surgir, comme le sommeil, des monstres. (…)”Éblouissement 1 — J.-B. Pontalis, Tr aversée des ombres, Gallimard, 2003, p. 20-21. L’allégorie de la caverne est au chapitre VII de La République. 2 — Exposition présentée du 3 novembre 2003 au 22 février 2004 au musée d’Orsay. 3 Pressetext

Guy Bourdin Guy Bourdin est l’un des plus grands photographes de mode et de publicité de la deuxième moitié du XXe siècle. Son œuvre se caractérise par des images troublantes, souvent provocatrices et pourtant mystérieuses, qui ont instauré un changement radical dans la manière d’aborder les campagnes publicitaires dans le domaine de la mode ; elles ont également exercé une influence notable sur de nombreux artistes contemporains.

Guy Bourdin est né en France en 1928. Ses débuts dans la photographie se situent dans les années d’après-guerre à Paris. Observateur curieux des arts et de la culture de l’époque, c’est aussi un artiste talentueux et ambitieux qui n’hésitera pas à solliciter Man Ray pour être introduit auprès de la direction artistique de Vogue France en 1954. Cette rencontre sera décisive ; en effet, Bourdin collaborera au prestigieux magazine pendant plus de 30 ans.

L’impact de l’œuvre de Guy Bourdin sur l’esthétique de la photographie de mode comme sur son aspect commercial est fortement sensible aujourd’hui encore. Il montre bien que c’est moins le produit désigné qui attire le consommateur que l’imagerie qui le porte — en l’occurrence des images mises en scène, parfois inspirées de chefs d’œuvre de l’histoire de l’art, des bribes de récits sensuels favorisant tous les fantasmes, l’illustration de rêves inaccessibles et même la suggestion du danger. On pense notamment aux photographies réalisées dans les années 70 pour les campagnes Charles Jourdan ou Bloomingdales, qui constituent une partie importante de l’exposition. Le photographe avait alors 45 ans. Il était au faîte de sa maîtrise technique, et les films réalisés pendant les séances de photo montrent bien l’intensité de sa recherche tant visuelle qu’émotionnelle. L’exposition présente également des images d’archives — polaroïds, photographies privées, notes de travail — qui ne laissent aucun doute sur le fait que Guy Bourdin regardait le monde avec l’œil du photographe. Ces documents révèlent le langage visuel qui sert de trame à l’ensemble de son œuvre. Pressetext