artist / participant

press release only in german

La perte d’échelle nous entraîne dans une déroute temporelle qui ravive nos souvenirs d’enfant. Inconsciemment nous retrouvons ce rapport au monde qui n’a pas l’échelle que nous connaissons adulte. Ce phénomène est d’autant plus accentué qu’il nous rappelle celui de multiples histoires qui hantent notre enfance. Contes, lutins, gnomes, schtroumf qui côtoient un monde d’objets surdimensionnés. Mais comme toujours on peut se demander si ce sont les personnages qui sont réduits ou si des hommes de taille normale se déplacent dans un univers à l’échelle fortement augmentée. Ces cabanes posent aussi la question du logement et en particulier de celui dont tout le monde rêve. Il y a une volonté de créer une forme d’image d’habitat paradisiaque pour tout citadin vivant dans une promiscuité, un bruit et en quête de nature. Mais cette nature, ce cadre, s’ils étaient vraiment vécus ne nous seraient-ils pas hostiles ? Cette confrontation aussi brutale à la nature nous est-elle encore possible ? Enveloppe parmi les enveloppes, l’habitat est notre troisième peau. Plus ou moins modelé et façonné par celui qui l’habite (à son image) elle reflète la personnalité de celui qui l’occupe. Le même vocabulaire peut s’employer d’ailleurs pour qualifier l’aspect des maisons ou des hommes. Ne dit-on pas : « cette maison a du caractère ». La maison est triste ou gaie, élancée ou ramassée, élégante ou décrépie, sombre, maussade, discrète, exubérante, racée.

Une série d’une dizaine de photos noir et blanc au format 30x40, images de cabanes de dimensions avoisinant vingt centimètres réalisées dans le paysage avec les matériaux du lieu. Le processus est un tout : une ballade à pied, choisir un endroit où l’on a envie de s’arrêter, forêt, bord de rivière, dune, carrière, un lieu propice à la construction, avec les matériaux adéquats, puis définir précisément l’endroit de la construction d’après les critères d’exposition d’environnement paysager, d’ensoleillement, de dégagement, d’accessibilité. Prévoir simultanément le point de vue photographique. Construire la cabane dans un cadre-paysage mais aussi photographique, pour un point de vue particulier, composer. Abandonner la cabane et n’en rapporter que l’image.

Deux maisons aux dimensions humaines telles des guérites de garde. Réalisées en papier tendu sur une structure métallique. Entre les deux, un tuyau les relie et insuffle l’air de l’une dans l’autre. L’une est en dépression, soumise à la force du vide, maigre, sa structure est apparente et prédomine sur sa forme, l’autre en surpression est ballonnée, gonflée, opulente, ronde.

« Façades » est une série de photographies d’immeubles de ma rue dans laquelle les limites des découpages de parcelles partent avec un angle d’environ quarante-cinq degrés. Pour ces prises de vues, bien que je me positionne fortement sur le côté du bâtiment, seule le façade est visible produisant un curieux effet de manque, de vide, d’absence de profondeur. Un dessin en néons contrôlés par un programme nous donne à voir les traits d’une maison symbolisée représentée en perspective, quatre murs et un toit à deux pentes sans détail aucun. Chaque plan de la maison s’ouvre et se ferme alternativement laissant apparaître l’intérieur jusqu’à ce que celui-ci laisse intégralement place aux faces intérieures et par illusion se retrousse et devienne l’extérieur de la même maison vue d’un autre point de vue.

Une habitation de la famille des tentes en toiles tendue survole l’ensemble de l’exposition.

only in german

Edouard Sautai
MAISONS