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Dans la vidéo d’animation intitulée Le Quid, c’est un petit personnage, naïf et savant à la fois, qui nous guide dans cette rencontre. En référence à une théorie répandue dans l’Antiquité selon laquelle la vision consistait en un rayon de lumière émis par l’œil (le quid), cette œuvre a pour point de départ une interrogation sur le phénomène de la projection. Comme souvent dans le travail de Laurent Pernot, un rayon de lumière révèle une réalité dont on ne saurait dire à quel point elle lui préexiste.

Dans la vidéo Gravity (2006), c’est le corps d’un jeune garçon-ange qui, incessamment balayé par une lumière blanche, apparaît dans une lueur diaphane. Dans l’installation For ever (2004), la lumière d’une projection vidéo – des corps de femmes - révèle l’existence d’une robe blanche posée au sol, animée d’un léger mouvement. Dans Le Quid, la lumière coule, comme des larmes, des yeux du petit personnage et donne à voir un monde désertique. On découvre alors un monde étrange, parfois proche du paysage lunaire que visite le personnage d’Ann Lee dans la vidéo One Million Kingdoms (2001) de Pierre Huyghe.

Dans une ambiance nocturne proche de cet univers, l’installation Chronorama, autre œuvre réalisée par Laurent Pernot lors de sa résidence à Beauvais, se caractérise par une interactivité subtile. En l’absence de spectateur, la vidéo ne montre qu’une mer légèrement éclairée à l’horizon. Puis, lorsque quelqu’un pénètre la zone de sensibilité de l’installation, les rayons d’une lumière zénithale commencent à balayer la surface de l’eau, accompagnés, si le spectateur continue à se déplacer, d’un voilier blanc presque translucide, tel un vaisseau fantôme ou une apparition spectrale. Et s’il n’y a plus de mouvement dans la salle, le bateau retourne au néant.

Omniprésentes dans le travail de Laurent Pernot, les apparitions sont des êtres de lumière qui évoquent chez lui l’ambivalence de l’existence, puissante et vulnérable. Ce double aspect est particulièrement évoqué dans la vidéo The Uncertainty of Stars (2007), dont le titre rappelle les deux forces contradictoires qui donnent naissance aux étoiles, l’attraction qui maintient les particules de matière et la déperdition d’énergie sous forme de lumière. De même, dans Chronorama, le bateau fantôme est fragile par son évanescence qui le porte à la limite de l’hallucination, en même temps que, par le biais de l’interactivité, il manifeste une sorte de force immatérielle, telle une âme à fleur d’eau. En somme, tout comme Le Quid, Chronorama est gouvernée par une dualité ténèbres/lumière qu’une présence humaine parvient à accorder. Mais tandis que dans la première vidéo, la médiation est assurée par un petit personnage fictif, ici c’est le spectateur lui-même qui, en rencontrant l’œuvre, réveille un monde endormi.

Extrait de « Comment se réconcilier avec l’univers. Deux œuvres de Laurent Pernot à Beauvais » par Vanessa Morisset , décembre 2007.

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Laurent Pernot. D’ici là