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«Rodtchenko à Paris», 56 mn, 2003-2005 - Michel Aubry «Répliqûres», 37 mn, 2000-2003 - Michel Aubry, Marc Guerini et David Legrand «Dialogue fictif : Le Corbusier & Albrecht Dürer», 34 mn, 2005 «Dialogue fictif : Albrecht Dürer & Joseph Beuys», 16 mn, 2004 la galerie du cartable et Michel Aubry _«Dialogue fictif : Andy Warhol & Pier-Paolo Pasolini ‘Une visite d’exposition…’», 2005, la galerie du cartable

Du 10 novembre au 3 janvier le Frac accueille une exposition consacrée à Michel Aubry intitulée, en référence à un article de l’artiste de l’avant-garde russe Vladimir Tatline, «La nouvelle vie quotidienne». Elle est organisée autour de l’œuvre monumentale de Michel Aubry acquise par le Frac en 2003 et composée d’éléments mobiliers reconstruits par l’artiste à partir du Club ouvrier réalisé par Alexandre Rodtchenko pour l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels de 1925 à Paris. C’est la première fois que l’œuvre de Michel Aubry est présentée au Frac et ce à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de l’œuvre de Rodtchenko.

Un dispositif particulier -englobant l’ensemble des espaces du Frac- est mis en place à l’occasion de cette exposition. Une interprétation de la loge des frères Fratellini (salle Mario Toran) fait écho à la mise en scène du Club et de ses dessous : l’envers du décor est transformé en plateau de tournage mobile tandis qu’un «stand» accueille une multitude d’objets, d’accessoires et d’éléments de décor produits par Michel Aubry (grande salle). Entre coulisses de théâtre et cimaises abandonnées, entre cirque et foire-exposition, c’est un véritable espace hybride que l’artiste invente pour cette exposition au Frac : «une porte ouverte par laquelle tout le monde regarde» (Rodtchenko). Enfin, la galerie du cartable (David Legrand, Fabrice Cotinat, Henrique Martins-Duarte) occupe furtivement cette zone, au cours de séances de tournage ou de projections. Le hall du Frac accueille quant à lui une installation de costumes selon un collage qui renvoie directement à l’un des photomontages de Vladimir Tatline.

MICHEL AUBRY Depuis une quinzaine d’années, Michel Aubry s'est créé une place singulière dans le monde de l’art contemporain en développant toute une œuvre dont la démarche, plutôt conceptuelle, cultive tradition et modernité, musique et arts plastiques, son et sculpture. Dans ses premiers travaux, il poursuit une recherche fondée essentiellement sur le domaine musical et les Launeddas (parmi les plus anciens instruments de musique sarde) lui fournissent une véritable grammaire.

LE CLUB OUVRIER Cette «Mise en musique du Club ouvrier de Rodtchenko» par Michel Aubry respecte le dessin constructiviste et les couleurs utilisées par l’artiste russe tout en combinant des proportions empruntées aux codes de la musique sarde. Les éléments de mobilier (le dévidoir d’affiches, les sièges de l’échiquier, le présentoir de photographies, la bibliothèque, une tribune, un écran de projection, etc. ) subissent ainsi une distorsion déterminée par les notes de musique que l’artiste a gravées dans les champs de la menuiserie. Ainsi, pour la bibliothèque, la largeur de chaque tablette est égale à la longueur du son gravé dans le support. De même, l’échelle des cinq notes choisies pour former les étagères reconstruites est celle d’un Pentacorde, joué sur une canne mélodique de roseau percée de cinq trous. Pour parachever cette mise en musique, des «anches» en roseau sont fichées dans chacun des supports et le spectateur s’il soufflait dans ces «meubles-instruments» produirait la note voulue qui détermine la hauteur ou la largeur des éléments. L’artiste combine ici magistralement la fonctionnalité du Club ouvrier avec des formes qui obéissent à des échelles musicales. Enfin, «tous les objets et le mobilier sont peints en quatre couleurs - gris, rouge, noir et blanc. Le plan de coloration a une signification organisationnelle - il différencie et souligne l’utilisation, les parties et la nature des objets» (Varvara Stepanova, Le Club ouvrier, 1926).

L’envers du décor, «l’arrière» du Club ouvrier de Rodtchenko devient un lieu de tournage parfois public, où évolue David Legrand dans le rôle de Rodtchenko. Ces scènes tournées sont des évocations de la correspondance de Rodtchenko avec sa femme. Il y relate son séjour à Paris en 1925 alors qu’il conçoit l’exposition du Club ouvrier. Ce club se veut une véritable image du corps social, dans une volonté d’adéquation avec le processus politique voulu par l’Union Soviétique d’alors. Dans ce film, auquel Michel Aubry travaille depuis trois ans, sont évoqués la curiosité, la déception et le regard désenchanté que Rodtchenko porte sur le monde occidental : à l’image du salon des indépendants où il ne voit que « l’absence de talent » tandis qu’à ses yeux la loge de Frères Fratellini même si elle n’a « rien de particulier» montre malgré tout que «ce sont des artistes». Dans la salle d’exposition du Frac transformée partiellement en plateau de tournage, des objets conçus par l’artiste et du matériel de cinéma serviront d’écrin à des dialogues fictifs et décalés écrits spécialement par la Galerie du cartable : pour les besoins de l’un de ces films, Le Cabanon de Le Corbusier mis en musique, de Michel Aubry, a été transformé en boutique de marchand de tapis.

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Michel Aubry
La nouvelle vie quotidienne