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MÏRKA LUGOSI Le malaise enchanté

Mïrka Lugosi est « peintre d’images », dit-elle. Cela me fait penser à l’univers nostalgique de l’enfance avec ses images données par la maîtresse ou trouvées dans les plaquettes de chocolat de cuisine, et qu’on rassemblait dans un album pour rêver. La « vraie » peinture est quelque chose de trop sérieux à ses yeux, aux immenses toiles peintes à l’huile ou à l’acrylique, elle préfère le papier, la gouache, les encres, la mine de plomb et les crayons de couleurs. Quant aux formats, ses œuvres sont rarement plus grandes qu’une simple feuille de papier à lettre et très souvent elles sont plus proches encore de la miniature.En fait, si Mïrka peint en tout petit, c’est, dit-on, parce que son atelier tient sur la table de la cuisine. C’est dans la promiscuité de ce boudoir incongru qu’elle explore les infinies possibilités d’un jeu de dames cruelles fréquenté par des petites filles dévergondées que Hans Bellmer n’aurait probablement pas renié. Nous ne sommes pas très éloignés non plus de l’univers onirique de Valentine Hugo ; ni de celui, pourtant très technique mais tout autant obsessionnel d’un Hernst Haeckel (Art Forms in Nature). Univers parallèles et comparables dans lesquels le détail a autant d’importance que l’ensemble. « Regarder, c’est toucher avec les yeux » dit-elle. Il est vrai qu’il faut bien s’approcher pour examiner ses images. En plus de leur format modeste, elles fourmillent de micros détails qu’on ne peut apprécier qu’en se rapprochant encore. A tout point de vue, elles invitent à entrer dedans, à traverser le miroir. Décrire les images de Mïrka est délicat, car on ne sait pas exactement, ce qui nous est donné à voir. A l’inverse, les sentiments sont toujours d’une grande clarté. Celui qui domine est sans aucun doute le désir, il est pratiquement omniprésent dans toute l’œuvre de Mïrka. Le désir de voir, de toucher et de jouir, qui est le moteur de ces contes sans paroles. Du rêve, elle alimente son imaginaire et de l’observation, elle développe sa propre manière (il ne s’agit pas à proprement parler d’une technique car sa méthode est changeante et empirique). On pourrait dire que tout dans le travail de Mïrka Lugosi est déroutant, tant par sont contenu que sa réalisation, mais l’impression qui revient systématiquement devant ses œuvres est l’émerveillement. Alors, il n’est pas étonnant qu’elle ait choisi de nous parler de sexe car c’est dans l’intime et l’interdit qu’elle aiguise les flèches qui vont nous toucher ou nous égratigner. Au-delà de l’imagerie érotique conventionnelle, elle exalte nos pulsions en proposant les siennes comme autant de pièces d’un puzzle qu’elle n’achève jamais de reconstruire. En couchant sa fantaisie sur le papier, elle se met à nue devant nous, fière et vulnérable à la fois, telle une biche surprise par son chasseur. Gilles Berquet

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Mïrka Lugosi is, she says, a "painter of images". This reminds me of the nostalgic world of childhood, of those pictures handed out by your teacher or found with bars of chocolate : you glued them in an album to dream over. "Real" painting, for her, is something too serious: to enormous canvases in oils or acrylic she prefers paper, gouache, ink, pencil and colour pencil. Sizewise her works are rarely bigger than a simple sheet of letter paper--and very often closer to miniatures. The reason she works on such a small scale, I'm told, is that her studio is limited to her kitchen table. And in her strange, crowded boudoirs she explores the infinite possibilities of a range of cruel females accompanied by brazen little girls that Hans Bellmer would not have been ashamed of. Here, too, we are at no far remove from the dreamlike world of Valentine Hugo or, in a more technically accomplished but just as obsessional mode, of Ernst Haeckel and his Art Forms in Nature : similar, parallel worlds in which the individual detail is just as significant as the whole. "Looking," Mïrka Lugosi says, "is touching with the eyes." And it is true that the eye has to move in on her images. For in addition to their modest format, they seethe with microdetails that can only be fully grasped in close-up. In every way these pictures invite us to come on in, to pass through the looking glass. Describing Mïrka's images is no easy matter, for we cannot tell exactly what is being shown to us. Conversely, the feelings expressed are always very clear. The dominant one is certainly the desire that is virtually omnipresent in her oeuvre: the desire to see, touch, and enjoy that is the driving force behind these tales without words. Here dreams fuel the imagination and close observation enriches the manner (one cannot really speak of her technique, for her method is shifting and empirical). It could be said that everything in her work is destabilising, in terms both of content and realisation; yet the feeling we have as we look is always one of wonderment. Not surprisingly she has chosen to speak to us of sex, for it is in the recesses of the private and the forbidden that she sharpens the arrows that will graze or strike us. Transcending conventional erotic imagery, she celebrates our instincts by proffering her own as pieces in a puzzle she never fully succeeds in putting back together. In thus consigning her fantasies to paper she lays herself bare to us, at once proud and vulnerable, like a hind at bay before its hunter. Gilles Berquet

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Mirka Lugosi
AIR 2 PARIS