press release only in german

vernissage le mardi 8 janvier à partir de 18 h

Le cycle de trois expositions Neutre intense, inauguré avec l’exposition Mitim, entend explorer la possibilité d’un paradoxe : l’intensité du neutre. Cette hypothèse réfère à une série de cours, intitulée Le Neutre, donnée par Roland Barthes en 1978 au Collège de France. Aux connotations de « grisaille, de neutralité, d’indifférence » habituellement associées à cette notion, Barthes oppose l’idée d’un neutre pouvant renvoyer à « des états intenses, forts, inouïs. » Transposée dans le champ des arts visuels, l’approche de Barthes peut mettre en lumière une ambivalence présente dans la pratique de nombreux artistes entre, d’une part, une réduction formelle ou discursive et, d’autre part, l’intensité, la complexité, la richesse de sens que cette apparente réduction implique.

L’exposition Mitim s’intéresse plus précisément à des œuvres mettant en scène un contenu évanescent, développant ainsi différentes formes de polysémie. Le titre de l’exposition est un mot inventé par l’artiste Ryan Gander, dont la signification est « un mot fictif récemment inséré dans l’histoire comme si il y avait toujours été ». L’artiste s’est attaché à immiscer le néologisme dans le langage à travers différentes stratégies de circulation. In Search for a Perfect Palindrome (third attempt) (2006) prend ainsi la forme d’une pile de journaux de l’édition du 20 janvier 2006 du Times, en dernière page de laquelle a été imprimée une grille de mots croisés contenant le mot.

Plusieurs œuvres dans l’exposition s’articulent autour d’un manque ou d’une absence. Le film de Morgan Fisher, intitulé ( ) (2003) est conçu comme un montage d’inserts – plans sans signification précise, utilisés comme simples transitions – extraits de films commerciaux. L’installation Melancholia (2003) de Laurent Montaron met en scène un space-echo, appareil d’effet musical commercialisé dans les années soixante, présenté comme un bas-relief dans l’espace d’exposition. L’appareil reste silencieux, mais met en valeur les multiples arabesques produites par les mouvements de sa bande magnétique. Les sculptures de John McCracken, telles que Wing (1999), jouent sur un contraste entre leurs formes minimalistes et leurs surfaces laquées et réfléchissantes, rappelant les chromes des voitures ou les surfaces vernies des planches de surf de Californie, où l’artiste vit.

D’autres œuvres s’intéressent à la charge narrative développée par différentes formes de réduction ou de soustraction. Les œuvres de Chloé Dugit-Gros sont souvent conçues comme des tentatives de mise en espace du dessin, explorant le passage du plan au volume comme espace de narration. Rappelant les présentations minimalistes des artistes de l’Arte Povera ou du Land Art, l’ œuvre de Jason Dodge Darkness Falls on Wolkowyja 74, 38-613 Polanszyk, Poland (2005) est une installation au sol composée d’une collection d’objets domestiques liés à la production de lumière : ampoules, allumettes, bougies, allumes gaz, etc. Le titre nous suggère que ces objets ont été retirés d’une maison en Pologne, la plongeant ainsi dans le noir complet. Enfin, la pièce de Mario Garcia Torres Untitled (Missing Piece) (2005), conçue comme une intervention dans la liste des œuvres de l’exposition, met en jeu ce manque au sein même de l’exposition.

Commissaire : Christophe Gallois

Artistes : Chloé Dugit-Gros, Jason Dodge, Morgan Fisher, Ryan Gander, Mario Garcia Torres, John McCracken, Laurent Montaron

only in german

Mitim, dans le cadre du cycle Neutre Intense
Kurator: Christophe Gallois

Künstler: Chloe Dugit-Gros, Jason Dodge, Morgan Fisher, Ryan Gander, Mario Garcia Torres, John McCracken, Laurent Montaron