Galerie Serge Le Borgne, Paris

108, rue Vieille du Temple
F-75003 Paris

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Vernissage le vendredi 23 avril. Exposition du 24 avril au 29 mai 2004.

Depuis une scène, une voix se fait entendre, elle est portée par la présence d’un acteur. Dans la première salle, six affiches identiques montrent un haut-parleur posé sur le rebord d’une fenêtre, surplombant une foule. En 1924, Gropius reçoit pour son 41eme anniversaire un carton de contributions artistiques des enseignants du Bauhaus réalisées à partir de cette photo tirée du "Vossische Zeitung".

Une voix douce vient du centre de l’exposition. En se rapprochant de la deuxième salle, ce qui est dit devient plus clair. Il s’agit du discours de Robespierre, Sur la Constitution à donner à la France, prononcé le 10 mai 1793 devant la Convention. Il est lu par Sylvie Caspar, la voix d’Arte, une voix limpide connue pour la scansion d’annonces télévisées et qui pour l’occasion se met au service des origines de la République. C’est une voix sans visage à la surface de laquelle on peut rester confortablement installé ; elle accompagne aussi l’auditeur dans le contenu du discours. Les mots sont prononcés avec insistance, ils désignent les notions fondatrices de la démocratie. Formules radicales et souvent oubliées.

La voix se propage dans la troisième partie de l’exposition. Un film est projeté sur un écran détaché du mur. Lou Castel, plongé dans une quasi-obscurité, construit, par sa présence et son jeu, le rôle que la voix prononce. En temps réel et sur les formules de Robespierre, un personnage apparaît. L’acteur invente le corps que porte la voix télévisuelle et la parole révolutionnaire. Lou Castel, figure de l’extrême gauche italienne des années 60-70, l’une des dernières grandes utopies, revient ici, porter une parole républicaine. Il joue un rôle comparable à celui qu’il interprétait dans les films des années 60-70, tentant de concilier son activité d’acteur de cinéma et d’acteur politique. Pour sortir de l’exposition, le spectateur la parcourt en sens inverse, la présence, la voix, la scène. Il rassemble les morceaux éparpillés de la parole, reconstitue ce que le son et l’image tentent d’émettre.

Ici, l’émission de la parole est fragmentée. Elle se fait entendre progressivement. D’où l’entend t-on ? Qui la prononce ? Qui l’incarne ? Par sa déambulation, le spectateur assiste à la naissance d’une parole qui désigne l’origine des rapports entre les individus au sein de la sphère publique. Une parole qui lui appartient, la parole de la majorité.

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Olivier Bardin
Sur la Constitution à donner à la France