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Le Centre d’Art Contemporain Genève a le plaisir de présenter l’exposition individuelle de l’artiste suisse PHILIPPE DECRAUZAT.

Que ce soit sous forme de peinture, de peinture murale, de dessin, de sculpture ou d’installation, la pratique de Decrauzat offre l’une des formes les plus convaincantes d’exploration du statut de l’abstraction dans la culture contemporaine. L’artiste s’intéresse aussi à la perception de l’image par le spectateur, en interrogeant son statut par des méthodes héritées de l’art conceptuel et du pop art. L’exposition comprend trois sculptures, une peinture murale et une peinture au sol de grande dimension, ainsi que la première d’un court-métrage, incursion inédite de l’artiste dans ce médium.

L’œuvre de Decrauzat s’imprègne du riche héritage de l’abstraction du vingtième siècle. D’une part, sa démarche intègre les formes utopiques du constructivisme russe, les distorsions psychologiques de l’op art et les géométries épurées de l’art minimal. D’autre part, l’artiste a également assimilé les idées d’artistes américains comme Ross Bleckner qui, durant les années 1970 et 1980, a recyclé ce que l’on appelle l’abstraction « historique » en évacuant son intention de départ. Toutefois, Decrauzat revendique pour son travail une distance critique par rapport à tout cela et un désir de ressusciter ce qu’il décrit comme la perméabilité de l’abstraction. Il défend en effet la position selon laquelle l’histoire de l’abstraction a constamment offert des preuves de connectivité entre les disciplines, en expliquant que « l’histoire des formes qui me fascinent croise le chemin du graphisme, du film, de l’architecture, de la musique et même de la littérature ».

La diversité des sources visuelles n’apparaît que de manière subtile. Ainsi, la peinture murale « DK » consiste en un développement du logo des Dead Kennedys (groupe de musique punk californien des années 80) lequel, mis en perspective, produit un effet optique conjugué à l’angle ouvert du mur. Autre exemple, la sculpture intitulée « Process » qui se présente comme un banc déformé, est en fait une ré-interprétation d’un design de Moholy-Nagy incliné dans deux plans, ce qui lui confère une dimension iconique - et impraticable.

L’exposition au Centre d’Art Contemporain Genève prend dans son ensemble la forme d’une vaste installation. En entrant dans l’espace, le mur latéral commence en biseau telle une lame. La jonction des deux murs forme un angle de 60 degrés. Selon les mots de l’artiste, le mur et l’exposition amorcent un mouvement mais c’est effectivement au spectateur de le reconstituer, d’imaginer ce que produirait l’exposition si elle tournait sur elle-même. Comme le mentionne Julien Fronsacq – commissaire d’exposition indépendant et critique d’art français – dans son entretien avec l’artiste, ce parcours « présente une véritable déconstruction ». La manière dont l’artiste décrit l’organisation de l’exposition « laisse penser [qu’il a] démonté un manège pour examiner l’usage habituel de ses pièces. On met à l’arrêt puis on examine chacun de ses engrenages comme un arrêt sur image permettrait d’analyser une image de cinéma. »

PHILIPPE DECRAUZAT a déjà exposé à titre personnel, notamment à Glassbox, Paris (2003) et à l’elac, Lausanne (2002), participant également à des expositions collectives, dont celles du Palais de Tokyo, Paris (2006), Kunsthaus Baselland (2005), Kunsthaus Glarus (2004), Villa Arson, Nice (2003) et du Swiss Institute, New York (2002). Il est membre fondateur de l’espace d’art indépendant Circuit à Lausanne et enseigne à l’ECAL de Lausanne.

Un catalogue sera édité pour cette exposition, laquelle sera également présentée au Frac Bourgogne en 2007.

Commissaire de l’exposition : Katya García-Antón

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Philippe Decrauzat
Kurator: Katya Garcia-Anton