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Le Centre d’Art Contemporain Genève est heureux de présenter la première exposition institutionnelle d’envergure en Suisse de l’artiste Shirana Shahbazi. Cette exposition comprend des œuvres récentes et nouvelles de l’artiste, dont les dernières photographies prises en Chine et aux Etats-Unis, ainsi qu’une nouvelle série de tapis et une installation d’affiches.

Shirana Shahbazi aborde le genre de la photographie sous un angle résolument conceptuel. Ses photographies dressent simultanément un portrait de figures et de paysages tirés de contextes orientaux et occidentaux, avec l’intention avouée de problématiser le caractère exotique que l’on observe si souvent dans les représentations de la figure de l’Autre. Shahbazi s’intéresse au médium de la photographie comme source de représentation, comme outil employé par différentes cultures pour produire des images de la réalité qui, bien que construites, ont la capacité de remplacer la vie réelle.

Son travail se décline dans des formats très divers, des photographies de taille parfois très modeste aux plus imposantes, sans oublier les peintures murales grand format (réalisées par des peintres iraniens employés dans l’industrie publicitaire) qui sont des copies de photographies de l’artiste. Shahbazi prend ses photographies dans des lieus géographiques très divers, et les combines ensuite dans des arrangements qui varient à chaque exposition, employant une technique proche de celle du montage. De cette manière, la signification de chaque image varie selon l’accrochage, en fonction des images avec lesquelles elle voisine. Issues de la tradition photographique, ses œuvres le sont aussi bien de l’imagerie publicitaire ou médiatique. Cette dualité est particulièrement manifeste dans les installations d’affiches, qui poussent encore plus loin l’opération de déplacement et de réemploi caractéristique de la pratique de l’artiste. Plus récemment, Shahbazi a produit de petits tapis tissés d’après ses photographies. Accrochés au mur, ces tapis renvoient à la fois à la nature de la production d’une image et à leur statut domestique et décoratif.

Une des séries les plus connues de Shahbazi, présentée dans cette exposition, Goftare Nik (Good Words, 2000-2001) tient son titre du proverbe zoroastre "bonnes pensées, bonnes paroles, bonnes actions". Réalisée à Téhéran et dans les alentours, cette série propose un condensé des phénomènes et des modèles sociaux en présence. Elle offre une réflexion sur l’Iran contemporain, ainsi que sur l’antique Perse regorgeant de mythes, et permet d’interroger à la fois l’image que le pays donne de lui-même et celle qui lui est donnée. Un travail qui confronte mythe et réalité, fiction et simulation. Avec Good Words, Shirana Shahbazi puise son inspiration dans des formes aussi diverses que les peintures murales à l’effigie des martyrs de la guerre Iran-Irak et de l’Ayatollah Khomeini (représentations omniprésentes dans les rues de Téhéran), les mosaïques miniatures, la conception des tapis, la poésie perse et son rapport à la nature, ainsi que dans la banalité même de la vie au quotidien.

Dans cette série, comme dans les séries plus récentes réalisées en Chine et aux Etats-Unis, l’artiste photographie des paysages, des portraits, des scènes de rue, en recherchant une forme d’étrangeté dans la familiarité même des images. Ces dernières n’offrent pas en elles-mêmes une opinion figée ou une conclusion définitive, mais elles ouvrent au contraire sur un espace hybride, propice au développement d’une identité à l’intérieur de catégories ouvertes et en constante mutation.

À l’occasion de cette exposition, un catalogue de 160 pages sera publié par le Centre d’Art Contemporain, pour le 18 mars, ainsi qu’une édition limitée de photographies de l’artiste.

Shirana Shahbazi est née à Téhéran, elle a grandi en Allemagne et vit actuellement à Zurich. Elle a gagné le City Bank Prize en 2002 et le prix de la Bourse Fédérale en 2004. Le Kunstverein de Bonn a organisé une exposition individuelle de Shahbazi en 2003, et elle a également participé à diverses expositions collectives au Musée Migros, 2001, à The Photographers Gallery de Londres, 2002, au Museum of Contemporary Photography de Chicago, 2003, et à la Biennale de Venise, 2003.

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Shirana Shahbazi