Analix Forever

rue de l’Arquebuse 25
CH-1204 Geneva

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artists & participants

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Tatiana Arce, Mezzanine

Tatiana Arce, jeune artiste suisse (1980), depuis la fin de ses études à l’ECAL (Lausanne), qu’elle a terminées il y a deux ans, poursuit son développement artistique de manière particulièrement polyvalente. Ainsi, elle dessine (série « Lait frais » présentée dans l’exposition « Handsome » chez Analix Forever en 2006), photographie, crée des maquettes et fait de la vidéo.

Pour sa première exposition solo chez Analix Forever, «Mezzanine», installée en effet dans cette partie-là de la galerie, l’artiste a choisi de reproduire l’atmosphère du cirque, avec ses couleurs, ses lumières, ses odeurs… ( suite )

Leslie Deere, Nest

«At the crossroads between quantum physics and poetry»

Pour Leslie Deere, «Nest» représente un environnement qui favorise la croissance et le développement rapide, un groupe d’objets similaires ou des informations liées entre elles. Dans son installation, l’artiste réunit ces différents symboles. Sept cordes de harpe sont accrochées au plafond par des suspensions métalliques, et au bout de chaque corde, un cube en plexiglas, à l’intérieur duquel du sable, dont le poids variable crée une tension sur la corde... ( suite )

Jeanine Woollard Air on the G-String

Alain le cow-boy, bourreau des coeurs, est sexy à souhait. Légèrement bronzé, le torse luisant, piercing au téton droit bien en vue, la main puissante et fine à la fois qui contrôle les rênes avec adresse, un Stetson noir enfoncé sur sa tête recouverte d’un bandana mystérieux… Cet homme qui ne porte finalement qu’un cache-sexe est en fait obscène – et évidemment, comme tous les hommes parfaits, il n’est que pur fantasme. Assemblé avec amour par Jeanine Woollard à partir des matériaux les plus raffinés qu’elle ait pu trouver sur place, il n’a jamais vraiment traversé les grandes plaines du Farwest – non, il est né à New Cross et grandit à Genève. Et pourtant, Alain aimerait voyager: d’ailleurs il monte une malle en lieu et place d’un cheval. Il est ce compagnon imaginaire, prêt à être emballé dans sa propre valise et envoyé par EasyJet vers de nouveaux pâturages.

Alain est le dernier-né de l’écurie des héros oubliés de Woollard. Il rejoint une armée de chevaliers médiévaux qui s’adaptent plutôt mal aux codes moraux déjà obsolètes du 21ème siècle. L’un d’entre eux succombe aux tentations coutumières, et sa donzelle se dandine désormais au-dessus de son corps inconscient gonflé de bière : à moins qu’il ne soit déjà mort, ce sera certainement sa dernière sortie de mecs. Un autre de ces chevaliers, soutenu par ses propres chaînes, essaie de hisser ses testicules par-dessus le mur qui le sépare de son amante feignant l’indifférence. Et la question se pose de savoir à quel moment exactement la spiritualité prétendument transcendantale des codes moraux de ces chevaliers a dégénéré en une épreuve aussi fondamentalement physique ?

Alors que ses héros peinent à trouver leur place dans le monde cynique qui est le nôtre, Woollard constate avec regret qu’ils ne sont que bien peu de chose, guère plus qu’une illusion de masculinité promue par quelle agente de relations publiques particulièrement habile. Le travail de l’artiste révèle à la fois une passion nostalgique pour les idéaux raffinés de la chevalerie, se référant à la fois à la littérature et aux icônes populaires tel Don Quichotte, qu’à la tradition satirique very british d’un Chaucer et d’un Hogarth ou des films des Monty Python ou Carry On. Les choix éclectiques des matériaux sculpturaux de Woollard reflètent aussi bien son perfectionnisme – l’ambition que ses créatures ne portent que les plus beaux atours qu’elle puisse trouver sur eBay – que la frustration de ne pouvoir trouver les ornements parfaits pour ses vignettes et qu’aucun des accessoires utilisés ne puisse jamais matérialiser l’idéal qui l’habite.

Dans un mythe grec particulièrement misogyne, Pygmalion s’avéra si profondément déçu des femmes du quotidien qu’il en sculpta une virtuelle – baptisée Galatée - seule à même d’exprimer la perfection qu’il recherchait et dont il n’eut pas d’autre choix que de tomber éperdument amoureux. Dans la version photographique merveilleusement pompeuse de Pygmalion et Galatée adaptée de Jean-Léon Gérôme, Woollard joue le rôle de la femme-sculpture séductrice de l’un de ses chevaliers-artistes idéalisés, alors que bien évidemment, le vrai Pygmalion, c’est Woollard ellemême. Tel le sculpteur mythique, elle assemble ses protagonistes masculins – chevaliers, cow-boys ou Roméos – avec la même tendresse, la même passion obsessionnelle et le même désir pathétique – si j’ose dire – de leur donner vie.

Jennifer Thatcher