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" Dès les débuts du B.A.I., la question de l'échelle a donc été centrale, comme celle de la projection ou du déplacement du point de vue de l'extérieur vers l'intérieur et de ses incidences sur une lecture de l'oeuvre (selon que l'on adopte la place du maître d'oeuvre ou celle de l'ouvrier). La seconde question relative aux échelles est la suivante : comment perçoit-on une même chose selon que l'on en est proche ou éloigné? Mais attention, je ne prends pas cette interrogation dans un sens strictement spatial, puisqu'il ne s'agit pas pour moi de jouer sur les apparences, les déformations ou les illusions optiques d'une représentation, mais de questionner à partir de l'espace et de sa réduction, le temps du travail. Je me suis d'abord intéressée à ce que serait une mémoire des objets et des lieux, que je crois fondamentalement liée à des opérations d'amplification, de réduction et de déformation de l'espace. Cela revenait à comprendre ce qui se passait entre l'espace, les objets et nous, dans le souvenir. Et alors qui change l'échelle? Nous disposons d'une remarquable et permanente capacité à amplifier et à réduire les choses, mais aussi à nous grandir ou à nous rapetisser vis-à-vis d'elles. J'ai par la suite décidé de représenter ces espaces en réduction en les ajustant précisément sur la taille d'enfants ou de nains. Évidemment, je ne cherche pas à objectiver dans des équivalences ce que devrait être la taille du souvenir, mais à offrir une énigme au regard qui questionne en retour un rapport au temps et au monde. Assez automatiquement, je pense que l'enfance, ses songes et son imaginaire sont convoqués par ces architectures : on se penche, on s'arrête, on amplifie des détails. Mais on est également invité à autre chose, puisque ces espaces construisent, à l'échelle d'une personne de petite taille, un monde habitable face auquel nous sommes totalement handicapés. Ce trouble-là me semble intéressant. [...]." *

La constitution d'un espace qui soit propre au développement de phénomènes psychiques à leur déploiement dans le temps est au coeur du Bureau d'Activités Implicites (B.A.I.), oeuvre que Tatiana Trouvé a commencé en 1997.

Le B.A.I. est composé de "Modules" et de "Polders". Les premiers sont des lieux de travail et de concentration dont on ne sait précisément si la fonction consiste à recenser ou à produire les pensées ou les traces de l'activité de l'artiste - comme si la genèse de l'oeuvre en constituait également l'horizon. Les seconds sont des espaces en réductions, énigmatiques parce que composés d'éléments faisant référence à des univers hétéroclites : de plus, leur changement d'échelle, optique, s'accompagne systématiquement de la redéfinition d'une logique d'espace. Ainsi, la structure dépouillée et squelettique des "Polders", leur petitesse, qui semble associer le souvenir à une opération de réduction, voire à un appauvrissement, est contrebalancée par l'extrême fluidité de leurs espaces et l'intrigante tension qui s'en dégage, et porte l'empreinte d'une expérience rêvée.

* Extraits du catalogue publié à l'occasion de l'exposition Singuliers - Art Contemporain en France, au Musée des Beaux Arts de Guandong à Canton en Chine (été 2005)

La troisième exposition personnelle de Tatiana Trouvé à la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois présentera, entre autres, une oeuvre produite par le Frac PACA à l'occasion de l'exposition "Extraits d'une société confidentielle" (Janvier - Avril 2005).

L'actualité de Tatiana Trouvé est dense avec, entre autres, une exposition personnelle au cneai de Chatou, la parution du livre d'artiste "Djinns", une exposition collective intitulée "Singuliers" à Canton en Chine (commissaire Thierry Raspail) ainsi qu'une seconde aux Pays-Bas, et à partir de juin 2005 une résidence de six mois au ISCP à New York.

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Tatiana Trouve: Il est arrivé quelque chose