Kadist Paris

KADIST ART FOUNDATION / 19 bis-21 rue des Trois Frères
F-75018 Paris

plan route show map

artists & participants

curator

press release only in german

Comment appréhendons-nous le monde et quelle emprise avons-nous sur lui ? 
" The Grip /La Mainmise" est un projet d’exposition sur la connaissance, 
les modes d’appréhension du monde, qui se transmettent et se forgent 
par la croyance en celui qui guérit de ses mains, en l’homme de loi ou en l’ancêtre. 
Le titre est un emprunt à l’essai éponyme de Jean-François Lyotard dans lequel il décrit l’emprise affective de l’enfance (mancipium) et les fables sur l’émancipation vers l’âge adulte pour adulte, au sein d’une économie complexe de « la mainmise », selon laquelle il manquerait une main de libre à l’enfant à qui on tient la main.



L’exposition rassemble des artistes dont le travail a trait à la transmission du savoir et à la phénoménologie du pouvoir. À travers une performance, des photographies, films et installations, les oeuvres présentées sont comme des reprises originales, des formes de piratage d’images qui se pratiquent en dehors de l’économie courante. 
Pour les artistes, c’est une manière de se demander, comment libérer l’image, comment profaner une archive, comment re-coloniser « l’original » et les prérequis.



Les artistes invités sont originaires d’Australie, de Singapour, de Thaïlande et d’Europe. Ils portent implicitement en eux le thème du voyage retour, du citoyen colonisé, ou de celui qui ne l’était pas mais qui imagine à nouveau ce que représentait le siège du pouvoir impérialiste. La nouvelle oeuvre de l’artiste thaïlandais Arin Rungjang crée un environnement au sein de l’espace d’exposition. Il y développe une réflexion sur la philosophie contemporaine à travers un entretien avec Pier Luigi Tazzi*, qu’il confronte à l’histoire de son père et en référence aux immigrés de Paris. La photographie de 
Michal Chelbin représente l’étrangeté du rapport familial entre un père et sa fille dont les regards en miroir laissent entrevoir une relation de pouvoir trouble et déséquilibrée.
 
Le duo d’artistes australiens, également mari et femme, Ms&Mr, revisitent leurs archives vidéo, celle de leur enfance dans les années 1980, et celle de leur histoire partagée, en les entremêlant avec la figure mystique du russe Nikolai Fyodorov. Celui-ci croyait que l’immortalité pouvait s’atteindre grâce à la ‘Religion de la Résurrection Ressuscitative’, ces expéditions cosmiques qui permettent de contacter nos grands-parents et nos 
ancêtres. Dans l’oeuvre de Douglas Gordon, les yeux de Spencer Tracy, absents et remplacés par des miroirs, voient mais ne peuvent être vus. Que voyons-nous en l’icône de Tracy, sinon celui qui incarnât tout au long de sa carrière Le Vieil Homme, la figure du père, et même un juge de Nuremberg ?



Kate Mitchell apporte une touche de subversion athlétique et australienne en s’emparant d’un lustre, symbole des Lumières, dans une œuvre qui évolue entre performance, endurance, projection dans l’espace public et vidéo. Elle a filmé depuis l’autre côté du globe, cette scène incroyablement physique où elle se suspend à cet objet immuable et civilisé, pour la projeter ensuite dans les rues de Paris. On retrouve cette même forme de théâtralité dans l’oeuvre de l’artiste singapourien Ho Tzu Nyen qui fait d’une adaptation du texte de Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, une sorte de vidéo-clip, un plan-séquence sombre tourné sur fond de musique heavy-metal. Ce film a été coproduit avec des étudiants de cinéma et de théâtre dans le cadre d’un exercice pédagogique autoréflexif. L’œuvre met ainsi en scène le partage de la connaissance, la confrontation au poids de l’ignorance et le ressaisissement collectif vers l’illumination et l’émancipation.



Dougal Phillips